Un défi à relever

Mutilations sexuelles féminines au Sénégal

Von Moussa Diop und Mamadou Ndiaye

L’ONG Enda Graf au Sénégal et IAMANEH Suisse ont décidé de joindre leurs efforts pour faire reculer les fausses croyances entretenues à travers les pratiques mutilantes génitales chez les femmes.

Lesezeit 5 min.

L'excision et l'infibulation sont des pratiques anciennes dans les sociétés africaines et au Sénégal en particulier. Une proportion importante de la population dans les pays sahéliens pratique encore l'excision. Il s'agit là de pratiques culturelles qui ne font pas toujours l'unanimité dans le pays où elles sont adoptées. Les communautés qui la pratiquent comme les toucouleurs du Sénégal soutiennent qu'il s'agit là d'un symbole porteur de valeur. Pour eux, il s'agit de rites initiatiques qui mettent en valeur les qualités d'endurance, de bravoure, pour magnifier le courage et la personnalité de la femme. D'autres soutiennent que les pratiques mutilantes sexuelles ont un fondement religieux inspiré par l'islam ou l'animisme. Notons qu'il s'agit de pratiques fortement ancrées dans les mœurs de certains groupes socioculturels.

Des Femmes s’expriment

Lors d'une enquête réalisée dans le quartier de Médina Gounass (Guédiawaye), la parole est donnée aux femmes, qui s'expriment à ce propos:

Mme Traoré souligne : "L'excision fait l'objet d'une grande cérémonie regroupant plusieurs villages. Elle se déroule dans une ambiance de fête et souvent après que l'hivernage a été bon. L'excision facilite l'intégration de la femme dans sa communauté. Sous l'effet de la modernité, la pratique évolue sans cesse. Aujourd'hui, elle n'est plus comparable à ce qui se fait de nos jours en ville. Elle n'a plus la ferveur populaire qu'on lui donne en campagne. Car, ici, en milieu urbain, toutes les ethnies ne la pratiquent pas".

Les formes d'excision les plus connues sont la clitoridectomie, qui consiste à l'ablation du clitoris et qui est connue sous différentes formes. L'infibulation est très souvent pratiquée en milieu pulaar, soninke, mandingue et bambara. Elle consiste en la fermeture de l'organe externe du vagin, pour empêcher toute pénétration et préserver la virginité de la fille. C'est une pratique sévère, qui entraîne diverses complications chez les jeunes filles lors du mariage.

A propos de la survivance de ces pratiques, certaines femmes s'expliquent:

Mme Diallo : "J'ai fait exciser mes deux filles parce que, me semble-t-il, c'est une obligation religieuse. Aujourd'hui, j'apprends que l'islam n'a nulle part recommandé l'excision. C'est à la demande de ma mère âgée de 72 ans que j'ai envoyé mes filles subir cette opération douloureuse".

Mme Cissé de poursuivre : "J'ai fait exciser toutes mes filles, car rien ne m'empêchait de le faire. C'est une tradition que j'ai trouvée avec mes parents. Je n'ai jamais entendu dire dans mon entourage que quelqu'une est décédée des suites de l'excision".

Mme Biaye, quant à elle, soutient : "Chez nous les balantes, lorsqu'une femme prépare le repas on sait dès qu'on s'approche du plat si la femme qui a cuisiné est excisée ou non. La femme excisée, sur le plan culinaire, n'a pas la même main que celle non excisée. Les mets qu'elle présente sont plus savoureux".

L'excision est souvent l'oeuvre de vieilles femmes qui pratiquent ce métier, hérité de leurs parents. Elles sont soi-disant dépositaires de valeurs ancestrales. Elles font leur métier avec du matériel rudimentaire (couteaux ou lames de rasoir) sans anesthésie ou produits antiseptiques. Elles ont recours à la pharmacopée, avec tout ce que cela comporte de risque.

Les conséquences somatiques et psychologiques des pratiques sexuelles mutilantes ont attiré l'attention de divers groupes de défense des droits de la personne et du respect de l'intégrité physique de la personne. Les femmes, à travers les organisations féminines, ont tiré sur la sonnette d'alarme, pour alerter l'opinion sur les dangers des pratiques sexuelles mutilantes chez les jeunes filles et ultérieurement chez la femme.

Information et stratégies d’animation

Notre propre expérience nous a révélé qu'il est difficile de faire évoluer durablement les comportements des populations dans un domaine aussi sensible que l'excision, en s'appuyant exclusivement sur des personnes extérieures aux quartiers ou aux communautés concernées. C'est pourquoi nous avons choisi, au sein des associations de femmes, celles qui ont des aptitudes à communiquer, pour qu'elles puissent mener auprès de leurs pairs des actions de sensibilisation et d'information de proximité sur les pratiques sexuelles mutilantes chez les femmes. Une vingtaine de femmes ont reçu une formation sur la santé reproductive de la femme et les techniques de communication. Elles vont effectuer des visites domiciliaires pour rencontrer les familles et leur prodiguer les conseils appropriés. Elles vont organiser des causeries éducatives. A cette occasion, la parole sera libérée et les personnes pourront aborder toute la réalité de l'excision. Le théâtre sera utilisé comme médium de manière à faire ressortir les problèmes liés à l'excision sans heurter ou attaquer de front les susceptibilités. Nous pourrions ainsi amener chacun et chacune à amorcer un changement personnel.

La dimension temps constitue un facteur important, car on ne peut changer les comportements par décret. C'est un travail de longue haleine, qui se fait au quotidien et nécessite une synergie entre les populations, les services publics, les ONG du Sud et du Nord.

* Moussa Diop et Mamadou Ndiaye sont collaborateurs de Enda Graf, Sénégal

Kommentar:
Recht auf körperliche Unversehrtheit

Jedes Jahr werden weltweit etwa 2 Millionen Mädchen im Alter zwischen vier und zwölf Jahren durch Eingriffe im Genitalbereich verstümmelt. Nach Schätzungen der Weltgesundheitsorganisation (WHO) sind über 130 Millionen Frauen und Mädchen von Beschneidungspraktiken betroffen. Die Beschneidung ist ein Akt der Gewalt gegen Frauen. Die Verstümmelung der weiblichen Geschlechtsorgane hinterlässt oftmals bleibende physische und psychische Schäden. Nach Schätzungen der WHO sterben zwischen 3 bis 7% der Mädchen an den Folgen des Eingriffs. Die anderen leiden meist an chronischen Schmerzen und Infektionen, haben massive Probleme bei der Geburt, sind inkontinent und unfruchtbar geworden. Beschneidung ist heute zu einem Modethema geworden und findet in der Öffentlichkeit immer mehr Beachtung. Doch die Medienwirksamkeit des Themas hat auch seine Schattenseiten und hat dazu geführt, dass oft auf undifferenzierte und verletzende Art und Weise, die Lebensrealitäten von Frauen in Afrika dargestellt werden. Selten kommen die betroffenen Frauen selbst zu Wort, werden angehört und können ihre Sichtweisen auf die Beschneidung darlegen. Die Gründe für diese Praktiken der Beschneidung sind vielfältig. Viele Frauen glauben, dass die Beschneidung nötig ist, um von der Gemeinschaft akzeptiert zu werden und erfahren dies auch so in ihrem Lebensumfeld. Wollen sie sich der genitalen Verstümmelung entziehen, müssen sie mit gesellschaftlicher Ausgrenzung und in der Folge mit Armut und Ächtung rechnen. Sie wissen nicht, dass im grössten Teil der Welt die Beschneidung nicht durchgeführt wird. Viele Frauen akzeptieren ihr Leiden denn auch schweigend im Glauben, es gehöre zum Frau-Sein. Die Beendigung der Gewalt gegen Frauen und speziell der sexuellen Verstümmelung führt somit über das "empowerment" der Frauen, die Schaffung gleicher Chancen, die Entwicklung von Bedingungen, die den Frauen die Freiheit der Wahl, der Beteiligung, der eigenen Entscheidung in allen Lebensbereichen lässt. IAMANEH Schweiz unterstützt lokale Initiativen in ihrem Engagement für das Recht der Frauen und Kinder auf ihre körperliche und seelische Integrität. Gegen die Beschneidung anzugehen, setzt Kenntnisse des Lebensumfelds sowie Vertrauen und Respekt gegenüber allen Involvierten voraus.

Entscheidend für Veränderungen ist der Faktor Zeit, denn die Beschneidung ist eine gesellschaftlich, kulturell und religiös verankerte Tradition. Die Abschaffung der Beschneidung ist ein Prozess, bei dem andere, gewaltlose, sinngebende Praktiken das Vakuum füllen müssen, das bei einer Aufhebung der Beschneidung entsteht. Die Menschen müssen also überzeugt sein, dass sie eine spezielle Praxis aufgeben können, ohne damit bedeutungsvolle Aspekte der eigenen Kultur und Gemeinschaft zu verlieren. Barbara Schürch, Maya Natarajan, IAMANEH Schweiz