Les mots du président du Réseau Medicus Mundi Suisse

(Not so) sweet sixteen

Von Thomas Vogel

Si pour notre réseau l’année 2016 aura été porteuse de nouvelles agréables, il en va autrement du monde. Seize ans après l’an deux mille, notre planète vit-elle l’adolescence perturbée de sa globalisation ?

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(Not so) sweet sixteen

Medicus Mundi Suisse a vécu une année 2016 plutôt réjouissante et nous avons eu la chance de goûter à la douceur de quelques modestes succès. Notre réseau continue, par exemple, de susciter l’intérêt des organisations suisses engagées pour la « santé pour tous ». Grâce à cela, nous avons pu accroître nos activités, nous avons pu établir une présence additionnelle à Genève, nous avons pu élargir notre comité à de nouvelles forces et nous avons bénéficié d’oreilles attentives et intéressées auprès de la Confédération comme de plusieurs cantons. Ces réussites vont bien dans le sens des objectifs que nous nous sommes fixés dans notre nouvelle stratégie (2017-2019) et contribuent d’ores et déjà à sa réalisation.

Les « nous d’abord » partout

Si pour notre réseau l’année 2016 aura été porteuse de nouvelles agréables, il en va autrement du monde. Seize ans après l’an deux mille, notre planète vit-elle l’adolescence perturbée de sa globalisation ?
En tout cas l’année agitée et peu prévisible que nous avons vécue pourrait nous le faire croire. Les réflexes faussement protecteurs, les idées de repli, les « nous d’abord » ont fleuri de partout. Des obstacles à la fraternité et à la générosité ont été érigés de toute part. Des murs et des barrières sont planifiés pour freiner l’élan des cœurs et la communion des peuples. Ces pensées et ces idées me laissent un goût amer et pourraient influencer les progrès de la « santé pour tous ». Pourtant, sur le plan de la santé, les indicateurs globaux montrent des progrès importants, résultats d’engagements et d’efforts conjoints. Il faut persévérer. Espérons que les avancées constatées ne soient pas mises à mal par le renouvellement de nos dirigeants.

Les inégalités en santé s’accentuent

Si la vie est comme une boîte à bonbons, vous conviendrez que les confiseries de l’année 2016 étaient très colorées et les goûts des friandises parfois surprenants quand ils n’étaient pas écœurants. Les plus infectes traînent dans la boîte depuis de nombreuses années – je pense par exemple aux conflits en Syrie, au Yémen ou au Sud-Soudan – d’autres, tout aussi dégoûtants y font périodiquement leur retour comme la faim, les atteintes aux droits de l’homme ou encore les attaques contre les personnels de santé. Si les progrès accomplis au titre de la santé mondiale sont assez réjouissants, des nuages menaçants s’amoncellent et il pourrait bien être temps de « regagner nos sièges et d’attacher notre ceinture », nous pourrions devoir supporter quelques zones de turbulences : les inégalités en santé s’accentuent, les droits sexuels et reproductifs sont menacés, les doutes sur l’utilité de la coopération internationale se ravivent … Un engagement résolu pour la « santé pour tous » reste nécessaire.

Enfin, je n’oublie pas que 2016 nous a enlevé plusieurs figures marquantes. Sans minimiser la perte de David Bowie, Prince, Umberto Eco ou encore Fidel Castro, je pense d’abord et principalement au Dr Halfdan Mahler, source d’inspiration et modèle d’engagement pour beaucoup d’entre nous. Puisse sa pensée continuer de nous guider dans la poursuite du progrès sanitaire global. Pour être solide, un tapis doit être tissé de façon serrée. Il en va de même du tissu social global. La solidarité mondiale reste plus que jamais nécessaire et le progrès humain en dépend !

J’espère que 2017 sera moins âcre, que de bonnes surprises nous attendent et qu’un certain enthousiasme renaisse. À nous d’y ajouter les ingrédients qui nous sont chers et faire en sorte que chacun y trouve au moins la santé !

Thomas Vogel
Thomas Vogel est le président du Réseau Medicus Mundi Suisse