Projet régional Ubuntu Care

La lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants en adressant les vulnérabilités liées à l’âge, au genre et au handicap.

Von Sofia Hedjam

Le projet Ubuntu Care, mis en œuvre par Handicap International (HI) et ses partenaires, est un projet régional implanté au Rwanda, au Burundi et au Kenya. Afin de lutter contre les violences sexuelles faites aux enfants incluant les enfants handicapés, le projet doit adresser les différents facteurs de vulnérabilité conduisant à ce phénomène de violence. En effet ces enfants subissent des violences à cause de leur statut d’enfant (leur vulnérabilité est donc liée à leur âge), la majorité des enfants survivants sont des filles et les cas commis contre les garçons sont rarement rapportés (leur vulnérabilité est donc également liée à la question du genre). Les enfants handicapés sont davantage exposés aux violences sexuelles que les enfants sans handicap (leur vulnérabilité est ici liée au handicap.) C’est uniquement en adressant ces 3 types de vulnérabilité (âge, genre, handicap) de manière holistique et concomitante que le projet parviendra à lutter efficacement contre les violences sexuelles commises contre les filles et les garçons incluant les enfants handicapés.

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La lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants en adressant les vulnérabilités liées à l’âge, au genre et au handicap.

Projet régional Ubuntu Care (© Handicap International)


La participation inclusive des enfants au cœur du projet

La participation des enfants, incluant les enfants handicapés, dans les activités du projet afin qu’ils deviennent acteurs de leur propre protection constitue l’un des piliers du projet. Les évaluations conduites ont montré que grâce au projet, les enfants (avec et sans handicap) ont activement assimilé les notions de droits de l'enfant, de violences sexuelles liées au genre et de lutte contre les discriminations. En améliorant leurs connaissances, ils sont plus actifs dans l'application de ces notions, notamment à travers la diffusion de messages sur les droits et la discrimination des enfants dans leur communauté et auprès de leurs camarades d'école. Les enfants ont également amélioré leurs connaissances et attitudes en matière de lutte contre les violences sexuelles, en particulier sur l’importance du signalement des cas d’abus, parfois même contre la volonté de leurs parents. En effet, les enfants bénéficiaires jouissent d’une meilleure connaissance des méthodes de prévention et du signalement des violences sexuelles. De plus, les enfants bénéficiaires ont amélioré leurs compétences en santé publique notamment sur les questions de sexualité grâce aux formations sur l’acquisition des compétences essentielles pour la vie quotidienne (Lifeskills). 

Une approche inclusive et non discriminatoire

Lors de la mise en place des activités du projet, une approche inclusive et non- discriminatoire est adoptée:

  • les activités impliquant les enfants (comité, forum…) sont adaptées aux enfants handicapés mais incluent à chaque fois des enfants sans handicap également.
  • tous les cas d’enfants victimes d’abus sont pris en charge et référés vers les services (social, santé, police, justice) aussi bien ceux concernant les enfants handicapés que les enfants sans handicap.
  • les formations à destination des professionnels chargés de la protection de l’enfance visent à rendre ces services davantage inclusifs et accessibles aux enfants handicapés mais en aucun cas à créer des structures parallèles spécifiquement destinées aux enfants handicapés.      

De plus, certains enfants initialement sans handicap pris en charge par le projet ont développé différents types de handicap consécutivement à une violence sexuelle (p. ex. handicap physique comme les fistules, handicap mental comme les troubles de stress post-traumatiques).

En d’autres termes, si la phase I du projet Ubuntu a permis de confirmer que  le handicap constitue un facteur de vulnérabilité exposant davantage aux violences sexuelles, la phase II se veut plus réaliste en reconnaissant également que le handicap puisse être une conséquence d’une violence sexuelle subie par un enfant à la base sans handicap.

Le projet continuera donc d’intervenir auprès des tous les enfants, incluant les enfants handicapés, selon une approche inclusive et non-discriminatoire. 

La lutte contre les violences sexuelles à l’encontre des les filles et des garçons, les filles constituant la majorité des victimes     

Les besoins des enfants ayant subi des violences sexuelles présentent des aspects variés et nécessitent l’attention de différents secteurs. Le projet a pour but de créer un système de protection plus intégré (secteurs sanitaire, éducatif, juridique/judiciaire, psychosocial, la communauté) fournissant des soins de qualité et incluant des approches fondées sur la protection de l’enfance, le genre et le handicap.

Le projet permet ainsi d’améliorer l’accès et la qualité des services de santé pour la prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles mais fournit également lors d’activité de prévention des informations répondant aux besoins des jeunes. Des ateliers de santé publique et des sessions d’éducation basées sur l'acquisition de compétences essentielles pour la vie aux enfants vulnérables, en particulier ceux en situation de handicap, sont ainsi organisées. L’utilisation de méthodologies adaptées aux enfants comme la comédie, l’art ou le jeu permet d’aborder des questions clés telles que les droits de l’enfant, les droits des personnes handicapées, les rapports de pouvoir entre les sexes, et de transmettre les messages clés en matière de santé public et de santé sexuelle. Ces ateliers incluent une information sur la façon de gérer les relations personnelles et de se protéger de la violence grâce à des méthodes adaptées.

Redevabilité

L'intervention s'appuie sur un processus régional de suivi, d'évaluation et d'apprentissage basé sur la politique de planification, suivi et évaluation de HI :

  • Visites terrain par les équipes HI pour contrôler les capacités techniques du personnel de HI et des partenaires à l'aide d'une matrice d'évaluation liée aux formations
  • Consultations trimestrielles des comités des enfants
  • Une base de données régionale permet le suivi de l'identification, de l'orientation et de la prise en charge des cas de violences sexuelles envers les enfants dans les régions couvertes par le projet en prenant en compte leur origine géographique.
  • Rapport mensuel, examens trimestriels, semestriels et annuels du projet au niveau opérationnel et financier sont menés par le chef de projet.
  • Évaluations initiales, intermédiaires et finales qui comprennent des enquêtes sur les connaissances, les comportements et les pratiques, destinées à mesurer le renforcement des capacités des acteurs du changement, et comparent les zones cibles avec d'autres zones afin d'estimer la valeur ajoutée de l'intervention.
  • Les partenaires sont formés et encadrés pour animer des groupes de discussion réguliers avec les bénéficiaires et ajuster leurs interventions en fonction.

Lien film « A travers notre regard »  sur le projet Ubuntu Care

Sofia Hedjam
Sofia Hedjam
Ubuntu Care regional coordinator, Handicap International,